Remerciements
Nos remerciements vont d'abord à Etienne sans
qui ce voyage n'aurait jamais été cet extraordinaire voyage « du retour » en Poméranie, puis à tous
nos nouveaux amis de l'AK, nos amis de l'armée polonaise, nos amis de Borne Sulinowo
(sans oublier Iréna et Tomasz) et de Pologne.
Merci particulièrement au Docteur Boleslav Pawlowsky, colonel de réserve de l'armée polonaise, et à son petit-fils Tomasz pour leur grande culture linguistique, leur grande courtoisie et leur large disponibilité à notre égard.
Première halte à Grünberg Arrêt en Allemagne, au village de Grünberg, où, d'après les éléments recueillis par Etienne concernant le voyage du retour de son père, se sont arrêté les prisonniers, pendant leur grande marche d'Arnswalde à Bergen. Nous trouvons, dans un état proche de ce qu'il pouvait être en 1945, un ensemble de bâtiments d'une grosse exploitation agricole allemande, le tout actuellement en vente, ainsi que la maison de maître (pour environ 3 hectares de superficie). Première station assez émouvante, comme insolite. Les quelques habitants du village se demandent si nous sommes des amateurs postulants, peut-être de futurs voisins. Probablement certains d'entre eux sont-ils les enfants de ceux qui étaient là pour accueillir nos pères ! Deuxième halte : la ville de SZCZECIN (Stettin), son château et sa caserne Nous assistons, grâce à Bolek, aux cérémonies en l'honneur du général polonais Haller, ainsi qu'à un spectacle de chants au château de Stettin. Nous avons également l'occasion de rencontrer le sculpteur du buste du général Haller (qui est également l'auteur du monument érigé à Gross Born), statue inaugurée avec panache et recueillement. Pour mémoire, le général Haller avait également participé aux côtés des troupes françaises, (avec des troupes qu'il avait amenées de Pologne), à la guerre de 14-18 sur le chemin des Dames. Troisème halte : Borne Sulinowo et Gross Born Le camp de Gross Born, situé au milieu d’un vaste espace boisé isolé, ne figurait sur aucune carte officielle, et pour cause ! lors du premier voyage en Pologne, Nous sommes reçus, à la maison de retraite de Borne Sulinowo, petite ville bâtie après l’occupation russe à partir de quelques habitations, par le représentant local de l’armée de résistance polonaise, l’AK, chef du comité de Koszalin, Richard Piszczecki. Nous sommes conduits par Iréna, l’épouse de Tomasz Skowronek, l’ingénieur forestier d’état basé à Borne Sulinowo. Une nécropole au milieu de la forêt Nous prenons d’abord une simple piste forestière, pour atteindre un cimetière international découvert au milieu de la forêt, à proximité immédiate du camp de prisonniers. Là, quelques 11 à 20 000 corps ont été ensevelis, à raison de 96 corps par fosse de 3 m² de surface. Ce sont les forestiers, aidés ensuite par des étudiants de l’université de Torun, alertés par l’intermédiaire d’un cousin du maire de Borne Sulinovo, qui ont fait ce macabre inventaire ! Selon des écrits de la captivité, nos pères savaient ou se doutaient qu’il y avait un charnier à proximité : leurs morts étaient enterrés non loin de là. Ce sont des russes, yougoslaves, américains, français, etc… Le couple Skowronek s’est beaucoup investi dans ces recherches. En questionnant Iréna, on appris que ses parents avaient passé 11 ans dans les goulags. Ce qui peut expliquer l’ardeur de leurs travaux de recherche. Pendant la période communiste, une simple croix a été placée sur les lieux de la découverte. Un monument commémoratif a ensuite été érigé à l’initiative de l’AK. C’est à la suite de la découverte fortuite de ce monument par Etienne, que celui-ci s’est mis en peine pour arriver à faire renaître la mémoire des prisonniers français de Gross Born. A force de ténacité, il a fini par avoir le contact de Bolek et c’était le début d’une longue et nouvelle histoire, celle de l’amitié entre deux pays. Les vestiges du camp de prisonniers Nous arpentons, chacun à son rythme, l’enceinte du camp de Gross Born. Etienne nous sort le plan des baraques. Nous trouvons la chapelle (avec ce monument érigé par le même sculpteur, avec des matériaux de récupération trouvés sur place). Nous trouvons… les lavoirs qui servaient aux toilettes, divers aménagements ou emplacements dédiés. Un certain nombre de vestiges de camps de prisonniers jonchent le sol ça et là, même si la végétation a repris le dessus : on trouve à certains emplacements des tessons de bouteilles, des débris de faïence, des boutons de vêtements militaires, des morceaux de charbon de bois, des fioles vides de produits pharmaceutiques de production allemande, etc… Chacun laisse aller son imagination pour reconstituer la vie du camp à partir de la documentation qu’il a pu lire et de ce qu’il a sous les yeux. A n’en pas douter, c’est Etienne qui est le plus apte à reconstituer cette vie, lui qui a de plus eu le privilège (au demeurant bien mérité !) de pouvoir faire la visite avec quelques anciens (de Cuniac, Bel,…). Et l’émotion se lit sur certains visages. Ce qui frappe, c’est la topographie particulière et les structures pédologique et géologique qui expliquent le creusement du tunnel (on devine à peu près, grâce au plan d’Etienne, l’emplacement du tunnel). Ce sol sableux en pente aura permis, peut-être même bien avant la période des prisonniers français, l’aménagement d’un assainissement minimum qui aura pu éviter la trop grande propagation de problèmes sanitaires liés à la promiscuité (concentration des lieux hygiéniques…). Des vestiges des installations sanitaires relativement sophistiquées sont encore visibles, en contrebas et à l’extérieur du camp, en direction d’un lac. La forêt a pris la place du camp, après avoir été défrichée à une époque pour le créer. Au sortir du camp, vers l’emplacement du chemin de fer, la traversée de la langue du diable, par où arrivaient tous les prisonniers, est émouvante ; ce qui n’empêche pas Madame Hibon mère d’herboriser… comme quoi la nature reprend ses droits ! Nous visitons le lac de la baignade des prisonniers français, ainsi que la mare d’où partaient les chants de grenouille qu’entendaient nos pères. Cette contrée est riche en plans d’eau et marais ; les oiseaux y sont nombreux (grèbes, choucas des tours…). Le village de Zipniewo Nous visitons, dans la campagne alentour, le village de Zipniewo ou Zipnow, où l’on reconnait une ancienne gare, d’où sont partis certains prisonniers évadés de Gross Born, de Lardemelle, etc. Nous remarquons le remblai où se tenait le chemin de fer qui aboutissait devant le camp de Gross Born. Soirée polonaise chez les forestiers
…au cours de laquelle Tomasz Skowronek nous sort peu à peu quelques uns des trésors de sa collection d’objets parvenus jusqu’à lui : documents préservés des intempéries au cœur de la forêt ou ayant transité par des tierces personnes jusqu’à ce qu’il ait pu les récupérer. Il nous montre des panneaux d’exposition de papier monnaie
de prisonniers polonais (venus juste après les français). Des pyrogravures de sous bois, d’animaux de la forêt, cerfs et sangliers. Nous prenons connaissance des articles en polonais publiés dans des ouvrages de sociétés d’histoire ou d’encyclopédie (chapitre 7 sur archéologie et histoire en forêt).
Nous avons ainsi vu une impressionnante bibliothèque d’ouvrages de mathématiques, d’ouvrages scientifiques en langue française et/ou allemande (écriture gothique ?). Je cite :
Le musée de l’Oflag II C de Woldenberg A proximité d’Arnswalde, nous retrouvons le capitaine Marek ZUCHOWICZ, l’autre capitaine d’Arnswalde. Ensemble nous allons visiter le petit musée de la captivité, à Woldenberg, dans une baraque en bois, comparable à celles de Gross Born. A Woldenberg, nous trouvons des cartes d’implantation des différents camps de prisonniers, des OFLAGS et STALAGS, avec l’organisation militaire correspondante. Le musée est très riche de souvenirs de captivité et de l’ingéniosité et de la culture de tous ces prisonniers qui ont su déployer des talents scientifiques, artistiques et humains au cours de leur détention. Visite de la caserne d’Arnswalde Retour à Arnswalde où le Colonel qui commande le régiment, de retour d’Irak, nous reçoit à déjeuner. Nous allons ensuite déposer une gerbe sur le monument de l’entrée du camp, qui, grâce au Général Simon et à Etienne, comporte une plaque commémorative au nom de l’amicale. Le capitaine Adam SUCHOWIECKI nous fait visionner les photos et documents du CD Rom qu’il a fait sur le camp. Nous visitons les salles du souvenir du 4ème régiment d’artillerie, où il y a certains panneaux dédiés aux manifestations franco polonaises du souvenir (photos des différentes commémorations en présence d’Etienne). Nous découvrons certains trésors chargés d’histoire comme les cahiers du Comité Gaulliste Républicain découverts par le capitaine Marek ZUCHOWICZ, dans une vieille boîte à chaussures, dans un grenier de la caserne d’Arnswalde en 2002. La caserne d’Arnswalde se trouve non loin de la ville : depuis le camp, on pouvait effectivement voir l’église d’Arnswalde dans le lointain. C’est le temps de l’I.S.F. (pour « ils sont foutus »), de la radio clandestine depuis Londres et Brazzaville (3 postes clandestins !). Le lieutenant Bernard Jacheet était l’un des membres de ce réseau clandestin d’écoute. La visite des blocks, puis de la chapelle d’Arnswalde La numérotation des étages n’est pas la même entre les allemands et les polonais. L’étage de la chambre de notre père est sous scellé. Mais à peu de choses près, nous avons pu visualiser et imaginer une partie de la vie de notre père pendant ces longues années. Petite question sur les châlis Alors, ces châlis, étaient-ils en bois ou en fer ; car, s’ils étaient en fer, avec quels châlis les prisonniers ont-ils pu confectionner les luges pour le transport des bagages ? il nous suffira de regarder la base documentaire du prochain site internet de l’amicale pour y répondre, ou encore de visualiser le superbe album photo de Mademoiselle Geneviève Tillard. Et si les châlis de nos pères étaient tout simplement encore ceux que nous avons vu dans les chambrées (difficile de prendre une photo, car les chambrées sont pleines de soldats polonais lorsque nous les visitons) ? La chapelle Ensuite nous visitons le gymnase/chapelle, qui a probablement peu changé depuis la captivité de nos pères. Sur le chemin du retour Passage à Stargard (ville du « Journal Dessiné d’un Prisonnier de Guerre » d’Antoine DE ROUX), à 30 kms à l’est de Stettin. En guise de conclusion L’amicale de l’Oflag est donc bien vivante. Depuis le premier voyage de 1993, elle a organisé 7 nouveaux voyages sur place en Pologne. Vincent HIBON et Chantal BREME-HIBON |